LE CONFLIT AU DARFOUR ET SES ORIGINES
La région du Darfour (ouest du Soudan) connaît des tensions depuis déjà une vingtaine d’années. Depuis le déclenchement des hostilités en 2003, on estime qu’entre 180 000 et 300 000 personnes ont été tuées. Environ deux millions et demi ont été déplacées.
Les origines du conflit remontent loin dans le temps, lorsque la recherche d’eau et de pâturages ainsi que la compétition pour l’espace ont créé des tensions entre les groupes de bergers nomades (arabes) et de paysans sédentaires (africains). Traditionnellement ces conflits - entre deux groupes qui ne sont pas d’ethnies différentes, mais qui ont adopté des styles de vie distincts - se réglaient par des mécanismes de réconciliation traditionnels.
Cependant, les tensions se sont aggravées dans les années 80 quand la sécheresse et la famine ont obligé les Arabes du nord à se déplacer vers le sud du Darfour. Avec l’aide du gouvernement soudanais, les tribus nomades du nord et des immigrants sans terre du Tchad voisin ont envahi des terres du sud habitées majoritairement par une population paysanne. Ceci a intensifié les hostilités entre les Arabes et la population noire du Darfour.
Les paysans africains ont pris les armes pour protéger leurs terres et s’opposer aux milices contrôlées par le gouvernement. Les deux groupes les plus importants sont l’Armée de libération du Soudan (SLA) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), mais avec le temps ces groupes se sont fractionnés et il est devenu difficile d’estimer leur nombre exact et leur affiliation réelle.
Depuis 2003, les conflits tribaux se sont transformés en une guerre civile meurtrière. Ce qui est à la base un conflit pour la terre est perçu aujourd’hui par certains observateurs comme un conflit ethnique. Des villages entiers ont été brûlés et saccagés. Les milices arabisées ont régulièrement recours à la violence sexuelle envers les femmes et les filles. La rébellion et l’action du gouvernement ont provoqué une des plus grandes crises humanitaires contemporaines.
Après un long silence, la communauté internationale, par le biais des Nations unies, a fortement critiqué la situation au Soudan. En 2006, suite à de longs pourparlers, un accord de paix a été signé entre le gouvernement et un des groupes rebelles, l’Armée de libération du Soudan. Mais depuis la signature de l’accord, il n’y a pas eu de signes de paix dans la région. La situation s’est détériorée, opposant les groupes signataires aux non signataires. La population civile en a subi les conséquences.
L’Union africaine a déployé, en août 2004, une force de paix qui manquait de moyens financiers et humains. Puis, en début 2008, une mission de paix hybride commandée par l’Union africaine et les Nations unies et composée majoritairement de troupes africaines - condition imposée par le gouvernement soudanais - a été déployée. Toutefois, à ce jour, ce déploiement se situe sous les 40% des effectifs prévus.
Ce conflit a placé des millions de personnes dans des situations d'extrême vulnérabilité. Les camps de déplacés et de réfugiés débordent et manquent d’approvisionnements. À quelques kilomètres du centre ville de El Fasher, capitale du Nord Darfour, les camps de déplacés d’Abu Shouk et d’Al Salaam comptent à eux seuls plus de 100 000 personnes. Près de Nyala, capitale du Sud Darfour, les camps de déplacés regroupent plus de 50 000 affectés, comme d’ailleurs ceux proches de El Geneina, capitale du Darfour Ouest.
Les camps de réfugiés, quant à eux, sont localisés pour la plupart à la frontière du Tchad. Oure Cassoni, le plus peuplé avec plus 28 000 réfugiés, est situé à la frontière du Tchad et du Nord Darfour.