LE GÉNOCIDE RWANDAIS ET SES ORIGINES
Le génocide rwandais de 1994 figure parmi les événements les plus marquants et les plus atroces de l’histoire de l’Afrique moderne. En 100 jours, environ 800 000 Rwandais ont été tués, pour la plupart des membres de la minorité tutsie et des Hutus modérés. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’un génocide affligeait ce petit pays d’Afrique centrale.
Les origines des conflits qui ont déchiré le Rwanda moderne remontent à l’époque coloniale. Après la Première Guerre mondiale, les Belges ont repris le Rwanda aux Allemands. Durant les 43 années qui ont suivi, la Belgique a gouverné le Rwanda en véritable puissance dominatrice. Les autorités coloniales ont accordé des privilèges à la minorité tutsie et, en 1935, ont délivré des cartes d’identité afin de catégoriser chaque Rwandais comme Hutu ou Tutsi. Ceux qui possédaient au moins dix vaches ont été désignés Tutsis, et les autres ont été automatiquement considérés comme des Hutus.
Par conséquent, les Tutsis ont eu droit à une meilleure instruction et à des postes au gouvernement. Cette politique de favoritisme irritait la majorité hutue, qui réclamait une représentation accrue au sein de l’État. Le mécontentement s’est amplifié et a été porté à son paroxysme en 1959 avec le couronnement d’un roi tutsi. L’événement a déclenché un génocide au cours duquel 20 000 Tutsis ont été tués, tandis que de nombreux autres ont fui dans des pays limitrophes, soit au Burundi, en Tanzanie et en Ouganda.
Le Rwanda a proclamé son indépendance en 1962 et a élu un premier président hutu, Grégoire Kayibanda. Les quelque vingt années qui ont suivi ont été marquées par de nouvelles éruptions de violence entre les Hutus et les Tutsis, ces derniers étant blâmés pour tous les problèmes du pays. Des Tutsis en exil et quelques Hutus favorables à la cause ont formé le Front patriotique rwandais (FPR), qui a attaqué le gouvernement hutu en 1990. En dépit des exhortations au cessez-le-feu de la part des forces internationales, la tension entre les deux ethnies s’est intensifiée, et de nombreuses personnes ont trouvé la mort dans le conflit qui en découle. Dans les heures qui ont suivi l’écrasement d’avion qui a coûté la vie au président hutu Juvénal Habyarimana, le 7 avril 1994, une vague de fureur meurtrière a déferlé sur le pays.
Le génocide qui a débuté ce jour-là a été le plus dévastateur de l’Afrique moderne. Au bout d’un mois, on estimait le nombre de morts à 500 000. Cent jours plus tard, 800 000 rwandais avaient été massacrés dans des combats impliquant des civils, des policiers, des hommes d’affaires. L’intervention de la communauté internationale reste minimale jusqu’à la prise de Kigali par le FPR en juillet. Le gouvernement a été renversé, un cessez-le-feu a été proclamé et l’aide internationale est arrivée au pays.
Les procès criminels des personnes impliquées dans le génocide de 1994 se poursuivent encore aujourd’hui. Bien que la situation se soit stabilisée au Rwanda et qu’un gouvernement bi-ethnique ait été formé, le souvenir du génocide demeure vif dans l’esprit des Rwandais.